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Le pied normal

-La marche érigée est par définition notre mode de locomotion bipède plantigrade, nécessitant une évolution sensori-motrice du pied dans la phylogenèse.
Chez l’homme l’évolution vers la bipédie et la position érigée confèrent au pied deux aspects : statique avec l’appui et dynamique avec la marche.
Le pied propre de l’homme est ainsi mis en place. Il peut jouer la partition de la marche.


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Le pied c'est quoi ?


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28 os, 33 articulations.

Le pied est une toile d’araignée ligamentaire, aponévrotique, musculaire (muscles intrinsèques propres au pied et extrinsèques propres au pied et à la jambe).

Le pied présente à décrire :

  • 3 arches : latérale, médiale et transversale
  • 2 triangles : antérieur dynamique, propulsif, postérieur statique d’appui

3 régions anatomiques :

  • Arrière-pied : reçoit la charge verticale
  • Médio-pied : suspendu et arqué qui transmet la charge à
  • L'Avant-pied horizontal


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img Avant-pied

Avant-pied
img Médio-pied

Médio-pied
img Arrière-pied

Arrière-pied
img L

L'avant pied horizontal


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Le pied pèse 1,2kg, fonctionne avec 1000 cycles par kilomètre. C’est un complexe tri-dimensionnel avec des mouvements puissants répondants à des charges énormes, à la fois souple, adaptatif, adhérent, rigide et solide. Le pied est plus qu’un segment de membre : il supporte le poids du corps, c’est un organe déformable, créateur de mouvements en équilibre.

Le pied est formé du talus ou astragale, os dur de transmission enserré dans la pince tibio-fibullaire inférieure.
Il chevauche le calcanéus, os du talon moins dense, amortisseur, qui fait un angle avec lui de 10°. Le talus et le calcanéus foncent pour le talus dans le guidon du naviculaire, le calcanéus dans le guidon du cuboïde formant le tarse avec les 3 cunéiformes (C1, C2, C3). Il existe une pente en escalier de médial en latéral. Font suite les métatarsiens, phalanges et phalangettes regroupant une arche transversale, une arche longitudinale médiale, une arche longitudinale latérale.





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Les os sont reliés par des articulations formant des chaines cinétiques en mouvement illimités faisant l'adaptabilité du pied. Elles sont définies par :

  • La cheville, articulation de type pince à serrage élastique se situe entre le genou et l'articulation sous-talienne. Le déroulement du pas est contrôlé par la cheville et les articulations métatarso-phalangiennes. La cheville présente des mouvements de flexion–extension et éponge des mouvements de latéralité via l’articulation tibio-fibulaire les muscles cardinaux et les ligaments qui jouent un rôle stabilisateur.
    La pression sur le talus est égale à 2 fois le poids du corps sur les talons, à 3 fois le poids du corps sur la pointe des pieds.

  • La sous-talienne supporte le poids du corps et le transmet à l'avant-pied. Elle est stabilisée par le ligament bifurqué. Le calcanéus est à la fois porteur et moteur, le talus par sa jonction avec le naviculaire est un gouvernail de l’avant-pied. Un valgus calcanéen entraine un chute du talus, un affaissement de l’arche médial, une déformation en pied plat valgus (si hypotonie des structures), une supination de l’avant-pied. Une varus calcanéen entraine un relèvement de la grande apophyse, une horizontalisation du talus, un creusement de l’arche en pied creux avec pronation de l’avant-pied.

  • La talo-naviculaire relie la première rangée à la deuxième rangée entre l’arche médiale mobile et l’arche latérale fixe. Elle est formée par les articulations talo-naviculaire et calcanéo-cuboïdienne. Cette dernière contrôle le verrouillage de la première en inversion, le Choppart est alors verrouillé, alors qu’en éversion il est déverrouillé pour une meilleure adaptation au sol. La barre de Hendrix, ou lien entre le pied calcanéen de charge et le pied talien prousif, passe par cette zone.
    La talo-naviclaire est stabilisée par le Spring ligament et les ligaments dorsaux. La calcanéo-cuboïdienne essentiellement par le ligament plantaire.

  • L’avant-pied est horizontal et propulsif. Les articulations tarso-métatarsiennes présentent 3 groupes C1M1, C2M2, C3M3, et cuboïde M4M5. Elles sont maintenues par des ligaments plantaires, dorsaux, et interosseux. Les métatarso-phalangiennes sont précisées par la MTP1 qui présente une articulation trochléenne et condylaire pour la tête de M1 et une articulation sésamoïdo-metetarsienne. Tout ceci confère une stabilité maximale lors de la propulsion avec le soutien de l’aponévrose plantaire et des muscles intrinsèques plantaires dans leur rôle stabilisateur et propulseur. La stabilité des MTP est surtout assurée par la plaque plantaire formée par la capsule antérieure, le ligament inter-métatarsien, la plaque fibreuse, les ligaments latéraux. A noter les articulations IPPP et IPD fixent les orteils au sol durant la phase propulsive avec un rôle stabilisateur.
    L’espace intermétatarsien est assuré par une bourse favorisant le glissement des têtes. Au cours de la marche les orteils sont victimes de surcharge 10 à 15000 fois par jour.

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"Les os sont recouverts de muscles extrinsèques qui jouent un rôle dans l’assiette de l’équilibre corporel. Les muscles intrinsèques faisant la mobilité du pied (fléchisseurs et extenseurs), on marche sur ses tendons" - François BONNEL

Il existe deux types de muscles :

  • Suspenseurs : tibial antérieur et fibulaire augmentant la concavité.
  • Soutènement : Tibial postérieur, court fibulaire long péronier luttant contre l’affaissement de l’arche médiale sous le poids du corps.




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L'ensemble os/tendon forme une poutre composite dynamique amortissante, indirectement par des tunnels, les fléchisseurs font varier la tension. Les deux systèmes intrinsèques dévolus au serrage articulaire, raidisseur et créateur de mouvements (mobilité des orteils), les extrinsèques gèrent.

Lors de la course : le talus sur calcanéus propre de l’homme diminue la stabilité active, mais l’articulation sous-talienne assure la stabilisation transverse, les tendons assurent la stabilisation transverse active.
En phase d’appui, on a un allongement et élargissement du pied qui augmente la surface de contact avec une stabilisation médiale par le muscle tibial postérieur et le muscle court fibulaire, une stabilité articulaire et par les muscles plantaires et l’aponévrose plantaire.

Les nerfs : c’est un organe sensoriel, fin, précis, pour assurer la palpation du terrain et l’équilibre du corps dans l’espace et le corps en équilibre par son seul appui au sol.
Il reste la graisse : coussinet plantaire amortisseur, refroidisseur.
La peau : organe sensoriel pied normal sans callosité. Les phanères : les tissus fibreux stockent et remettent l’énergie.

Le pied ainsi constitué va pouvoir combiner la mobilité de ses 33 articulations et exprimer ses capacités d’adaptation, de propulsion et d’appui.


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La marche c'est quoi ?


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Au niveau de la marche on parle de 3 pivots dans le talon :

  • Pivot 1 > Talon : l’atterrissage
  • Pivot 2 > Cheville : pivot de la jambe vers l’avant
  • Pivot 3 > MTP : stabilisation des orteils, propulsion

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Le choc du talon représente 10% (c’est le 1er pivot : l'atterrissage). Cet atterrissage est formé du calcanéum cuboïde (4ème et 5ème métatarsiens des orteils), c’est le pied de charge : le pied calcanéen.



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img Pivot 1

Pivot 1
img Pivot 2

Pivot 2


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Le pied va tourner autour d’une structure hyperstatique formée par les 2ème et 3ème métatarsiens, et les 2ème et 3ème cunéiformes : le pied intermédiaire qui fait le lien entre le pied calcanéen et le pied talien.



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img Le pied intermédiaire

Le pied intermédiaire


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Pied talien : pied propulseur, pied de la performance qui est formé par le talus, le navicualire 1er cunéiforme et le 1er métatarsien.
L’intérieur du pied va s’enfoncer dans la coxapedis (articulation talo-naviculaire), qui restitue via le spring ligament la force sur la 1ère articulation méta-tarsophalangienne. L’extension du premier orteil va animer le phénomène de treuil du pied, aponévrose plantaire qui va stocker, restituer l’énergie et stabiliser les articulations métatarso-phalangiennes. La dernière phase de catapulte le long fléchisseur de l’hallux tend et propulse le pied via les sésamoïdes qui poussent la tête du métatarsien vers le haut et l’avant.





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C’est une hélice qui propulse le corps à vitesse orientation variable, le pied est l’organe de l’équilibre avec l’œil et l’oreille interne au niveau de la marche.

La marche ne peut pas s’envisager sans parler de posture.La posture est un régulateur de l’équilibre qui permet de lutter contre la gravité en reprogrammant le centre de gravité dans le polygone de sustentation. C’est un phénomène actif qui sert au bon positionnement des segments des membres lors d’un mouvement.
Lors de l’initiative d’un mouvement volontaire le cerveau se représente le schéma corporel, il est aidé en cela par des afférences sensorielles venant d’exo et d’endo-capteurs (l’œil, l’oreille, le pied et l’articulé mandibulaire). Il puise également ses sources de l’apprentissage des schémas moteurs anciens. Il en ressort une proactivation des différents muscles pour assurer un bon positionnement des différents segments de membre afin d acquérir la meilleure posture pour effectuer le mouvement.
La position érigée se fera avec une économie musculaire, sans douleur et avec économie des structures anatomiques.


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La marche n’est pas qu’une simple activité physique, elle est extrêmement liée à l’évolution de l’humanité :

"bon pied, bonne marche", "la marche c’est la vie".